Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet
Gare à l’indigestion.
Je savais le cinéma du Père Jeunet acidulé mais là ça vire à l’écœurement du Père Dodu. En préalable, je crois important d’insister sur le fait que je suis plutôt un bon client du genre. La cuisine Burton, Tati ou encore Wallace et Gromit ont tendance à me mettre en appétit. Et je ressens encore l’euphorie au moindre fumet d’Amélie Poulain. Pensez donc si je me frottais la panse devant la carte : un bon (dé)Jeunet avec une belle brochette : Croustillant de Dany Boon saupoudré d’Omar Sy, Marielle de Canard accompagné de sa salade de Moreau le tout arrosé de Pinon, un Dussolier et l’addition.
Ben j’ai tout vomi, ou plutôt je me suis arrêté à la première bouchée. Le chef nous a servi une grosse meringue creuse qui m’a laissé la dent dans le même état. Certes il y a les amuse-gueules, les petites trouvailles visuelles, les accumulations de détails, mais ça ne fait pas un film. L’histoire est digne d’un mauvais Agence Tous risques (et encore un épisode sans "Looping"), l’intrigue est mince comme un spaghetti et la fin, avec sa morale à 2 balles, est lourde comme un loukoum géant. Quant aux effets améliepoulinesques qui font sa marque de fabrique (l’éclairage sépia, les gros plans en contre plongée, la voix off, les accélérations), Jeunet nous les balance de façon industrielle à l’instar d’un fast food.
Je ne parlerais pas des comédiens qui font un concours de cabotinage, avec quand même une mention spéciale à Dany Boon qui est à peu près le seul à tirer son épingle du jeu avec un jeu sobre et plutôt juste. Quant à Marielle, on se demande ce qu’il a été foutre la-dedans.
A éviter pour les ciné-gastronomes.
Dugommier